3- ... obtenue en grande partie grâce a des "héros", les blogueurs

A- Wael Ghoneim, le héros blogueur

Wael Ghoneim est le créateur de la page facebook "We are all Khaled Saïd", en français "Nous sommes tous des Khaled Saïd". Khaled Saïd est le déclic de la révolution égyptienne. En effet en juin 2010, il a été battu à mort par des policiers. Des photos de son visage marqué par les coups et défigurés ont fait le tour de la toile, montrant la véracité des faits. La raison de cet excès de violence de la police est  simple, Khaled Saïd a posté une vidéo montrant la corruption de la police égyptienne.  Cette page a été au coeur des révolutions, car elle a permis la prise de conscience de la population égyptienne sur le fait que la police et le pouvoir égyptien été corrompu et usé de son rôle pour en tirer des avantages pécunniers par le biais de la corruption.

 "Je ne suis pas un héros. Les héros sont ceux qui sont dans la rue, ceux qui ont donné leur vie" exprime Wael Ghonim  juste après sa libération de prison sur le plateau de la chaîne égyptienne Dream. En effet Wael Ghonim a été mis en détention pendant 12 jours. Le directeur marketing de Google au Moyen-Orient insiste sur le fait qu'ils ne sont pas "des traitres. Nous aimons l'Egypte. Nous faisons cela parce que nous l'aimons".  A la fin de l'émission, les visages des personnes tués pendant la révolution défilent sur l'écran. Wael Ghoneim fond alors en larmes, il rajouta "Je veux dire à toute mère, tout père qui a perdu un fils, ce n'est pas de notre faute, je le jure, ce n'est pas de notre faute. C'est la faute de ceux qui étaient au pouvoir et s'y sont accrochés". De nombreux égyptiens, juste à la hostile aux révolutions, émus par les paroles touchantes et simples de Wael Ghoneim, changent d'avis. Wael Ghoneim est l'image de la réussite professionnelle, il fait partie de l'élite égyptienne qui se sacrifie pour l'amour de leur pays : " Je travaille pour la meilleure entreprise du monde, j'ai la meilleure épouse possible [...] Mais je suis prêt à tout perde pour que mon rêve se réalise".

Pendant les contestations, c'était le porte-parole des manifestants auprès du pouvoir. Le vice-président égyptien, menaçant d'un coup d'état militaire si les manifestants ne rentrait pas chez eux, il lui répondit : "Tuez-nous. Faites ce que voulez de nous [...] Nous nous réapproprions notre pays. Vous et vos hommes, vous avez ruiné ce pays depuis trente ans ! ".

Wael Ghoneim est le visage de la révolution égyptienne, " C'est la personne idéale pour représenter les protestataires : il a une vraie légitimité, il est ferme sur ces demandes et c'est un bon négociateur" selon Ahmed, un  ami de Wael.

B-  -Z- , le "Zorro" du 21ème siècle ? 

Monsieur Tout-le-monde la journée, il se transformait en justicier masqué la nuit afin de dénoncer les dérives du pouvoir tunisien. Grâce à son blog "DEBATunisie", ce blogueur utilisait des caricatures mêlant humour et colère avec une habilité, une éloquence et un talent surprenant. 

Créant en 2007 se blog, il crée alors un moyen astucieux afin de dénoncer la mauvaise gestion, la corruption et les inégalités sociales en Tunisie. Avec le succès, la censure ultra présente arrive aussi, et son blog est alors supprimé en Tunisie. Dans le journal Le Monde, -Z- explique comment il est venu à la caricature politique : «Je suis parti d’une motivation vraiment citoyenne. Beaucoup de choses dans mon pays ne fonctionnaient pas. J’étais indigné par tout ce qui se passait. Sachant dessiner, je me suis dit: j’irai. Je me lance et je garde l’anonymat pour ne pas me faire rattraper par le régime». Il ajoute: «Il y avait un but d’abord – on va dire – citoyen, même pas politique. Je ne fais pas de la politique politicienne à travers mon blog. Je conteste, je proteste, je critique rien que pour critiquer.». Intérrogé aussi sur la révolution en Tunisie -Z- explique : «L’idée de révolution me trottait dans la tête depuis longtemps. Je voyais que cela prenait une ampleur assez inédite. Ça se propageait de ville en ville. Je me suis dit: ce n’est pas une révolte. Il y avait d’abord les avocats, puis il y a eu les artistes. Chacun essayait de prendre sa mèche pour faire exploser la bombe de la révolution. Pour moi c’était clair qu’un dictateur tel que Ben Ali, s’il y avait une révolution, il allait fuir. C’est quelqu’un qui était haï par toute une population.». Mais ce qui rend si partiulier ce personnage est que c'est l'un des seuls à avoir utilisé les dessins comme un outil de lutte. Car en effet dans un pays où le taux d'analphébétisme est de 16%, le dessin peut donc est plus facilement accessible qu'un texte et peut aussi atteindre des personnes qui ne sont pas intéressé par ces révolutions. 

Aujourd'hui encore -Z- caricaturise la société et dénonce les problèmes de son pays. Son blog :  https://www.debatunisie.com/